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Tati revisité

6 juillet 2018

Voici donc mon rêve, naïf, voire niais.

Si, plutôt que s’amuser des inconséquences du « monde moderne », Jacques Tati tournait un film de science-fiction ? Monsieur Hulot téléporté accidentellement sur Mars, par exemple ?

Certes, monsieur Hulot est un nostalgique du temps « à la bonne franquette », mais il vit dans un monde envahi par la technique et l’organisation dite rationnelle.

Et puis, chez Tati, pas de mort, pas d’arme, pas d’explosion. Juste une observation minutieuse des couacs de la vie quotidienne. Son « héros » côtoie ou croise des personnages dont le comique vient du frottement entre l’environnement et leur nature humaine mal ajustée au monde en « progrès ».

C’est qu’avec l’évolution de son cerveau, l’être humain paraît bien inachevé, donc imparfait. Les insuffisances et les faiblesses humaines se confrontent ainsi aux inconséquences de la production humaine, qu’il s’agisse d’habitat ou de machines. Ce qui donne un univers où, comme dirait Sempé, « tout se complique ». À titre d’illustration, revoyez pour sourire la séquence du restaurant night-club, dans le film PlayTime.

Alors qu’il aspire à multiplier ses pouvoirs, l’être humain ne peut être responsable de tout, et ce, pour deux simples raisons. Quand elle n’est pas flottante ou distraite, son attention trie le réel. Il ne voit pas tout. L’omniscience et l’omnipotence lui échappent. Pour ne rien arranger, la faculté de réflexion est une grande lâcheuse, en particulier lors de la pesée du pour et du contre dans un imbroglio controversé.

Oui, Tati me manque, avec sa caméra qui rend drôle tout quidam (toute quidame) dans la rue, dans le bus, au bistrot, au travail, à la plage et autre salon d’exposition.

Finalement, pourquoi pas monsieur Hulot (ou son cousin) dans un voyage d’exploration spatiale, dans un laboratoire lunaire d’avant-garde, lors d’une escale sur un satellite de Jupiter, lors d’une interaction avec une IA, un androïde dernier cri, ou une machine urbaine au bord de la défaillance ?

Car, au fond, l’humour nous soulage (un peu) de la sinistrose ambiante. Mais où trouver une source de comique ? Par exemple, me semble-t-il, dans le couac et la pagaille qui peut s’en suivre. Ainsi, dans une usine morose, l’indolent monsieur Hulot, par sa somnolence, a favorisé les ratés d’une machine, transformant la fabrication de tuyaux en celle d’une chaîne de saucisses. Que lui arriverait-il dans une ville automatisée du futur ? 

 

Pour vous donner l'eau à la bouche, voici le dernier trailer de PlayTime: 

https://www.youtube.com/watch?v=zrYB8hgyq4s

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